Orion's Core
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Orion's Core

Mes idées, mes divagations, mes lubies, mes rêveries... Et mes débordements.
 
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 ❖ In the middle of the Night

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Llewella Scarmander

Llewella Scarmander


Messages : 15
Date d'inscription : 25/11/2015

❖ In the middle of the Night Empty
MessageSujet: ❖ In the middle of the Night   ❖ In the middle of the Night Icon_minitimeMer 16 Nov - 3:20




In the middle of the night

Never underestimate a lone wolf who has nothing to loose, but all to gain

   La nuit était claire, et très froide. La pleine lune offrait une lumière diffuse mais forte, qui permettait d'y voir presque comme en plein jour, effet accentué par l'épais manteau de neige immaculé fraîchement tombé au cours de la soirée. A présent, seuls quelques nuages s'effilochaient encore contre un ciel d'encre moucheté d'étoiles. De temps en temps, une bise glaciale venue du nord soulevait un peu de poudreuse. Elle virevoltait quelques brefs instants avant de retomber sur le sol. Au loin, une forêt de conifères se dessinait sur l'horizon, une fine rivière longeant son flanc nord et serpentant à travers la neige. L'eau était si claire qu'on pouvait sans peine compter avec précision les galets qui composaient son lit. Près du ruisseau, le cadavre givré d'un renne gisait là. Comme figé dans le temps. Sa chair avait été largement entamée par les charognards des environs. Les loups, les chiens sauvages, les renards et les gloutons. Même les harfangs avaient dû prendre part au festin.
L'hiver du Svalbard était ainsi. Splendide, mais impitoyable. Ici, la loi ancestrale de la survie menait la danse, pour quiconque quittait le confort relatif des villes. Et elle s'appliquait à tous, proies comme prédateurs.

Cependant... Ce n'était pas le rude hiver du Wilderness qui m'avait arraché l'homme que j'aimais, mais mes propres semblables. Mes frères loups, dont je traquais la moindre trace depuis des heures, inlassablement. J'avais laissé mes sept fils à la maison, leur ordonnant de s'enfermer soigneusement avec notre meute de chiens de traîneau, de préférence dans la même pièce afin de pouvoir toujours veiller les uns sur les autres pendant mon absence. Après tout, peut-être que ceci n'était qu'une ruse pour m'éloigner de mon foyer, et ainsi mieux l'assiéger... Si tel était le cas, ils se rendraient rapidement compte que pour des chevreaux, ils avaient de sacrées ressources.
A cet instant, mes pensées étaient tournées vers Lennart. Alors que nous étions sortis à quelques cinq minutes de la maison pour pêcher au bord du fjord, profitant de la marée haute, une meute de loups nous était tombée dessus. Des loups de notre ancien monde, des loups comme moi. Les Grands Méchants Loups des contes qui effraient ou fascinent les petits humains. Rien à voir avec les bêtes aux instincts primaires avec lesquelles je jouais parfois lors de mes sorties, ou que je rejoignais dans leurs chasses quand les meutes m'y invitaient. Dans la cohue, mon amant s'étaient envolé. Je me suis battu comme un beau diable, sans comprendre ce qu'il se passait sur le coup. Puis, comme ils étaient venus, les intrus s'évaporèrent pratiquement dans les airs. Mais aucune trace de Lennart à proximité, que ce soit dans le ciel ou sur la terre. Rapidement, j'étais allé informer mes enfants de la situation, puis avais entrepris de remonter la piste de nos assaillants, tant que celle-ci était fraîche.

Voilà où j'en étais. Le hululement lugubre d'une chouette me fit incliner une oreille sur la gauche. Je ne lui accordai pas plus d'attention, mes yeux refusant de quitter la guirlande d'empreintes de pattes qui s'étiraient devant moi. Mon odorat parvenait à détacher six odeurs distinctes. Si je ne me trompais pas, ce qui était une possibilité.
Je continuai au petit trot, infatigable et déterminé. Rentrer sans Lennart ? Hors de question. Soudain, une bourrasque de vent m'apporta la senteur cuivrée caractéristique du sang. Un frisson glacé de peur me hérissa l'échine. Tout mais pas ça... ! Je m'élançai d'un bond, soulevant un nuage de poudreuse. Finalement, au détour d'une colline, je trouvai la source de cette senteur qui, malgré la situation, demeurait entêtante pour le carnivore qui sommeillait en moi. Un parterre de neige souillée par l'hémoglobine et constellé de plumes blanches. Des plumes que je connaissais bien, des plumes de cygne. Mon amant était blessé, mais manifestement pas suffisamment pour être incapable de prendre la fuite. Les autres loups eux aussi étaient arrivés jusque là, en témoignaient leurs traces, tout autour. Cependant... Ils avaient pris la mauvaise direction. Lennart s'étant une nouvelle fois envolé sans laisser le moindre indice, ils avaient sûrement présumé qu'il avait pris la décision de tenter sa chance jusqu'au plus proche village qui n'était pas à plus d'une petite heure, à trot soutenu de loup. Mais moi, j'étais intimement persuadé qu'il avait au contraire décidé de faire demi-tour, pour retourner vers la maison. Il devait s'attendre à ce que je vienne le chercher et voulait sûrement me croiser sur le chemin, mais soit j'avais été trop rapide, soit à l'inverse la fatigue et le froid l'avaient trop ralenti et nous nous étions manqués.
Le temps était compté, j'en étais conscient. Les autres chasseurs ne tarderaient pas à se rendre compte de leur erreur, et rebrousseraient chemin. Je devais trouver Lennart et le ramener en lieu sûr aussi vite que je le pourrais.

L'épaisse couche de neige qui recouvrait le sol en hiver ne m'avait jamais posé le moindre soucis. Mes larges pattes y étaient adaptées, et faisaient office de raquettes naturelles. J'étais également habitué à l'air glacial de ces îles, légèrement iodé, qui aurait fait suffoquer tout étranger au bout de quelques dizaines de secondes de course à peine. Je pouvais tenir la distance longtemps. Je ne m'arrêtais que brièvement, lorsque j'avais un doute sur la direction à suivre. Je levai alors le museau vers le ciel, et interrogeai les odeurs. Celle de mon cygne était si légère, si diffuse, que même en la connaissant par coeur, j'avais parfois du mal à la déceler, au milieu des senteurs de sapins, de plumes de hiboux, et de lichens froissés. J'approchais. Il n'était plus très loin.

Cette piste me mena jusque dans la forêt. Là, les branches projetaient une mosaïque d'ombres complexes sur le sol, rendant ma vision approximative. Tout pouvait apparaître comme une menace potentielle, de loin. Je foulais le tapis de neige mêlé d'épines sèches d'un bon pas. Je savais encore où je devais me diriger, même si la résine des arbres ajoutait aux senteurs parasites.
Cependant, au bout de quelques dizaines de mètres supplémentaire, j'atteignis enfin mon but. Niché sous le couvert d'un enchevêtrement de troncs morts et sur un lit de brindilles, Lennart s'était recroquevillé sur lui-même, sûrement pour se cacher des éventuels prédateurs autant que pour se préserver du froid mordant de cette nuit de pleine lune. Agitant doucement ma queue, j'allai gentiment toucher son aile du bout de son museau. Par réflexe, le cygne déroula immédiatement son long cou gracieux pour m'asséner un coup de bec sur la truffe. Un jappement de surprise et de douleur m'échappa tandis que je tombai sur l'arrière-train, passant une patte par réflexe sur la zone endolorie.

- Airan'... ? Oh c'est toi, je suis désolé, je pensais que c'était une de ces brutes épaisses !
- C'est rien, ça va. Tu m'as juste pris par surprise. Tu es blessé, fais voir ? C'est grave ?
- Non, rien de vraiment grave. De grosses égratignures, on va dire ça comme ça... Ca a beaucoup saigné, mais plus maintenant.
- Hum... Je vérifierai ça à la maison. Tu peux voler ?
- Non, je crois que j'ai une épaule déboîtée... souffla-t-il en baissant la tête d'un air penaud.
- Tant pis, c'est pas grave. Je pense qu'on a suffisamment d'avance sur eux pour...

Comme pour me contredire, un long hurlement s'éleva au sud de notre position, à moins de deux ou trois kilomètres. Autrement dit une broutille, une distance rapidement couverte par des loups de notre envergure. Nous n'avions plus le temps de traîner.

- Désolé mon amour, tu ne vas pas aimer, mais je n'ai pas le choix !

Sans même attendre une réponse, je saisis Lennart aussi délicatement que je le pouvais entre mes mâchoires, les serrant juste assez pour le maintenir fermement mais pas suffisamment pour le blesser, puis détalai droit vers la maison.
Alors que je courais comme un dératé vers le nord, je songeai qu'une fois mon amant et mes fils bien à l'abri, il faudrait que je sorte chasser ces indésirables de mon territoire... Nous étions ici chez nous, et il était hors de question que nous laissions marcher sur les pieds par une bande de jeunes loubards sans cervelles en manteau de fourrure.

.SHADOW
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